Librairie l'Arbousier : 20 ans d'échanges et de rencontres, en librairie à Oraison et sur internet quand vous voulez où vous voulez.

Soyez informés, abonnez-vous à la newsletter au bas de cette page ou consultez notre page Facebook.

Plus d'informations ? Contactez-nous au 04.92.78.61.08 ou par mail : librairielarbousier@orange.fr

 

Mister conscience, thriller
EAN13
9782352870104
ISBN
978-2-35287-010-4
Éditeur
Archipoche
Date de publication
Collection
Bibliothèque du collectionneur (17)
Nombre de pages
300
Dimensions
17,8 x 11 cm
Poids
238 g
Langue
français
Fiches UNIMARC
S'identifier
Indisponible
DU MÊME AUTEUR

La République de Gus, A contrario, 2004.

La Saône assassinée, Le Masque, 2004.

L'Enfant au masque, Le Masque, 2003.

Étranges nouvelles de Bourgogne, éditions JPM, 2003.

L'Inconnue de l'écluse, Le Masque, 2002.

Stone, Flammarion, 2002.

Les Sorciers de la Dombes, Viviane Hamy, 2001.

La Peste blonde, Viviane Hamy, 2001, J'ai Lu, 2002.

Implacables vendanges, Viviane Hamy, 2000.

Prix Métiers et Culture 2001.

Les Croix de paille, Viviane Hamy, 2000, J'ai Lu, 2002. Prix Océanes 2001.

Si vous souhaitez recevoir notre catalogue
et être tenu au courant de nos publications,
envoyez vos nom et adresse, en citant ce
livre, aux Éditions Archipoche,
34, rue des Bourdonnais 75001 Paris.
Et, pour le Canada, à
Édipresse Inc., 945, avenue Beaumont,
Montréal, Québec, H3N 1W3.

eISBN 978-2-3528-7556-7

Copyright © L'Archipel, 2006.

À Jean-Pierre Stouls,
maître en la matière...

Amicalement

Avertissement

La Créature de Frankenstein éprouve des sentiments,
le comte Dracula puise son éternité
dans le sang de ses victimes,
Arsène Lupin se cache dans la Dent creuse...
Est-ce exact ? Est-ce faux ?
Qu'importe !
La vérité appartient à la fiction.
L'imagination la guide.
Et si elle erre dans Bruges, troublante et mystérieuse,
il est hors de question de lui mettre un carcan...

Ph. B.

1

La jeune femme jeta un regard affolé derrière elle.

L'homme était toujours là, elle l'entendait marcher ; il ne la quittait plus depuis l'Arsenaalstraat, une rue retirée du sud de la ville.

En sortant de chez ses amis, aucun bruit suspect ne l'avait inquiétée. La nuit enveloppait Bruges d'une douceur méridionale. Ce début de mois de mai promettait des jours chauds. Les vieux Brugeois le comparaient déjà à celui de 1945, leur mémoire en brûlait encore. Ce n'est qu'au bout des eaux dormantes du Minnewater, face au Béguinage Princier de la Vigne, que, tout à coup terrorisée, elle avait compris qu'il la suivait. Jusque-là, elle ne lui avait prêté aucune attention, c'était un homme parmi d'autres qui regagnait ses pénates. Mais non, son pas résonnait, lourd et régulier, comme s'il voulait qu'elle sache qu'il prenait tout son temps, qu'il jouait avec elle au chat et à la souris, que quoi qu'elle fasse, où qu'elle aille, il la serrerait entre ses griffes.

Ce type était un fou. Et sa folie tombait sur elle.

Le souffle court, elle déboucha sur la Walplein. Déserte à mourir, la place se remettait des clameurs des touristes ; la brasserie De Halve Maan, fermée depuis des heures, n'attirait plus la foule. Quoi de plus normal à 3 h 07 du matin. La cité dormait, ses rues moyenâgeuses s'enivraient de silence, ses discrets lampadaires n'éclairaient que des pierres.

Terrifiée, la jeune femme se retint de crier. À quoi bon hurler ? La nuit, Bruges est une ville morte, un sanctuaire éteint, personne ne viendrait à son secours – ou trop tard, beaucoup trop tard –, mieux valait qu'elle se taise, qu'elle sème l'inconnu en étouffant ses pleurs.

Où se cacher ? Où fuir avec son asthme, cette maudite maladie qui la ralentissait ? Chaque foulée était une souffrance, il lui fallait composer avec.

Elle hésita entre deux cathédrales. Devait-elle tourner à droite, vers les maisons-Dieu pour remonter jusqu' à Notre-Dame, ou à gauche pour traverser le canal et bifurquer vers Saint-Sauveur, plus excentrée que la première, mais qui se dressait sur la route qu'elle comptait prendre ? Avant de se décider, d'un coup d'oeil furtif, elle tenta de mesurer la distance qui la séparait de l'homme.

Plus rien, plus d'ombre, plus de pas, il avait disparu.

S'était-il lassé de sa chasse ? Certes pas, il avait dû emprunter une rue transversale pour, tapi sous un porche, la guetter dans la Katelinjnestraat, une artère commerçante qui filait vers le centre. À sa place, c'est ce qu'elle aurait fait. L'homme devait penser qu'elle rejoindrait le Markt. Et comme ce chemin était le plus court pour l'atteindre, c'est là qu'en toute logique il l'attendait patiemment.

Le cerveau en feu, elle réfléchit à plein régime. Que cherchait-il au juste ? À la violer sur les pavés, au risque de se faire repérer par le premier passant venu ? Non, si tel avait été son but, il s'y serait pris plus tôt, dans un coin sombre des jardins du Minnewater. Alors, si ce n'était pas pour abuser d'elle, quelles étaient ses intentions ? La jeune femme dut admettre que ce type était un psychopathe, que ce qu'il voulait, c'était la tuer. De quelle manière ? En l'étranglant ? En la poignardant ? La belle affaire ! Elle n'avait guère envie de le savoir.

Finalement, la peur au ventre, elle décida de maintenir son plan de route, s'enfuit par la gauche, franchit le canal en trottant et, les bronches en charpie, s'engouffra dans une rue plus vide que la banquise.

Face à elle se dressa la tour-clocher de Saint-Sauveur. Le beffroi, au nord, s'éleva dans un ciel privé de lune. Cette semi-pénombre lui parut être un atout, un joker dont elle profita pour se fondre le long des murs. Précaution puérile, mais c'était mieux que rien.

3 h 11 à sa montre. On était le 8 mai, jour de Fête nationale et de grasse matinée. Dans cette perspective, elle avait accepté de souper chez les Schollaert.

Vers 2 h 40, les premiers invités s'étaient éclipsés. La jeune femme avait pris congé peu après, seule, non sans qu'Yvon Schollaert lui ait proposé de la raccompagner : « Ce serait plus prudent, Monika. » Quel danger courait-elle dans les rues tranquilles de Bruges ? Aucun. Et puis elle habitait à vingt minutes à pied de chez lui, dans le Zand, à côté du pont des Lions, un parcours qu'elle connaissait par cœur, plus sûr que les chemins du paradis. De caractère indépendant, Monika avait poliment décliné son offre. Fatale erreur, elle s'en voulait.

Mais le mal était fait, elle devait sauver sa peau.

La fièvre au corps, la gorge sèche, elle courut aussi vite qu'elle le put jusqu'au coin de la rue où, vaincue par son asthme, elle dut s'arrêter net. Saleté de maladie, sa dyspnée l'obligeait à reprendre son souffle. Tout en s'y efforçant, elle se pencha discrètement pour voir si l'homme la suivait toujours.

L'homme... Pour quelle raison disait-elle « l'homme »?

Après tout, elle n'avait aperçu qu'une vague silhouette. Peut-être s'agissait-il d'une femme ? Hypothèse que sa démarche accréditait. Son allure, étrangement pesante, se voulait menaçante, ses semelles claquaient sur le sol comme un métronome bien réglé. Pour être aussi marqué, le pas du prédateur déguisait-il sa féminité ? Mais quelle femme pouvait la détester au point de vouloir la supprimer ? À trente-cinq ans, toujours célibataire, sans pour autant les collectionner, elle avait eu des amants. Fine, une chevelure d'onyx, abondante et soyeuse, le visage oblong serti d'iris olivine, elle baladait un charme disponible. Quelques hommes mariés s'y étaient aventurés avec une discrétion bourgeoise... C'était il y a longtemps, il y avait prescription... Qu'une épouse « bafouée » veuille se venger d'elle lui sembla irréaliste. Alors, elle reconsidéra son point de vue : son poursuivant ne pouvait qu'appartenir à la gent masculine. Et il fallait le fuir à nouveau, en dépit de son asthme.

Morte de terreur, Monika l'entendit revenir. Il avait fini par comprendre le tour qu'elle lui avait joué. Affolée, elle se remit à courir en pestant contre sa bêtise : pourquoi, fichtre, n'avait-elle pas pris son portable ? Par délicatesse, bien sûr, car quoi de plus détestable qu'un téléphone qui sonne pendant une conversation ? Les Schollaert n'auraient pas apprécié. Résultat, il lui était impossible d'appeler à l'aide. Elle ne pouvait compter que sur ses jambes. Mais pas sur ses talons hauts. Celui de son escarpin gauche se brisa. Elle gémit de rage, repartit clopin-clopant, puis, ralentie par son déhanchement, décida de continuer pieds nus.

Très vite, ses collants se déchirèrent, les pavés la blessèrent, elle souffrit le martyre. Autour d'elle, sublimées par la nuit, entre ombre et lumière, les demeures brugeoises étalaient leur magnificence. De fenêtres à meneaux en pignons ouvragés, leurs façades Renaissance rivalisaient en beauté. On eût dit des clairs-obscurs retouchés par Rembrandt. En temps normal, passionnée d...
S'identifier pour envoyer des commentaires.

Autres contributions de...

Plus d'informations sur Philippe Bouin