Les promesses de l'ombre (réédition)

L'effroyable saignée dont le monde a si longtemps souffert, qui engloutit tant de jeuneshommes dans l'inimaginable tuerie de la première guerre mondiale laissa des millions defemmes en deuil pieusement résignées mais cruellement désemparées devant la solitude...La victoire était celle des veuves. La Patrie les honora hautement, le cœur sincèrement déchiré,pleurant avec elles la vie tronquée des orphelins qui chèrement venaient de payer la paix de lavie de leurs pères.Aussi anéanties étaient les fiancées glorieuses et les vierges patriotiques, mères potentiellesexclues à jamais de l'hymen. Brisées dans leur vie naturelle par un destin injustement partial, illeur restait l'ultime devoir de s'étioler dans quelque amour rêvé, véritable ou imaginaire, enacordant leur sang figé au sang glacé des morts.Car, sublimés au champ d'honneur, ils étaient morts deux fois pour avoir doublé leur absenced'une absence de progéniture. Dans “ La décadence ",Jean-Baptiste Duroselle historienobjectif, leur consacrant une page brutalement a écrit : " Il y avait trop de femmes en France parrapport aux hommes : jeunes fllles et veuves se disputèrent les survivants. "La stérilité forcée des condamnées au célibat allait donc peser lourd dans le bilan de nosblessures. Cause majeure du déclin démographique, elle entrainait la régression économiqueautant que l'affaiblissement intellectuel, moral, artistique, générant une dégradation du pays quene méritait pas le sacrifice de son élite. Vingt ans plus tard, la situation empirait. Les filles des survivants prêtes à épouser les filsdevaient les voir partir soldats à leur tour.