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Les Dévastés
EAN13
9782940628933
Éditeur
Editions des Syrtes
Date de publication
Collection
LITTERATURE ETRANGERE
Langue
français
Langue d'origine
bulgare
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Les Dévastés

Editions des Syrtes

Litterature Etrangere

Indisponible

Autre version disponible

Le point de départ de ce roman est une interrogation : "Les vaincus sont-ils
vraiment vaincus ? Qu'est-ce que la défaite et qu'est-ce que la victoire ?"
Théodora Dimova explore – pour la première fois dans la littérature bulgare –
les stigmates laissés dans son pays par l'épuration sanguinaire lors de
l'arrivée au pouvoir des communistes. Après un coup d'État le 9 septembre
1944, l'Armée rouge pénètre dans une Bulgarie alliée de l'Allemagne nazie,
traumatisée par les années de guerre, la faim et les bombardements des forces
alliées sur Sofia. Dès décembre 1944, un tribunal populaire est instauré, il
juge sommairement l'élite qualifiée de « monarcho-fasciste » : officiers,
religieux, intellectuels, membres des gouvernements précédents... Les destins
de trois hommes – un intellectuel, un pope et un entrepreneur – se croisent
dans une cellule avant de s'éteindre dans une fosse commune, sans tombe, sans
pensée, sans une once d'humanité. Condamnés, torturés et abattus comme des
bêtes. Le grand mérite de ce livre réside dans le fait qu'il est raconté par
le prisme des trois épouses des condamnés, pour nous faire éprouver la douleur
de ces femmes qui se retrouvent lors d'un matin froid de février 1945, au bord
de la fosse dans laquelle ont été jetés les corps de ces hommes qu'elles
aimaient. Les biographies familiales sont entrelacées dans une prose dense.
Les trois femmes sont dépassées par la tragédie du meurtre de leurs époux, la
destruction soudaine de leur vie et de leur bonheur familial. Les figures des
hommes abattus émergent à travers leurs récits. Nikola, le mari de Raïna est
écrivain et journaliste. Le père Mina est le prêtre vénéré de Bolyarovo. Boris
est un entrepreneur prospère. Tous seront condamnés à mort par le soi-disant
tribunal populaire et fusillés après de nombreuses tortures. La montée de la
rage révolutionnaire est présentée comme une sorte de folie, un fléau qui se
propage rapidement et qui s’empare des plus faibles. Les trois hommes assument
leur destin, ne cherchent pas à s'échapper ou à quitter ce pays déjà vaincu.
Les femmes ne sont pas des héroïnes fortes. Malgré les tourments, la
confiscation de leurs biens, les expulsions et les conditions de vie, malgré
le travail forcé elles tentent d’élever leurs enfants et de préserver les
traditions familiales. Elles n'y parviennent pas toujours, elles sont parfois
obligées de faire des compromis. Quant aux enfants, ils portent les stigmates
de ce traumatisme. Des décennies après, l’image de la fosse remplie du
cimetière de Sofia, où les corps sont enterrés et où la neige tombe sans la
recouvrir continue de les hanter. Le roman de Théodora Dimova est d'une force
émotionnelle parfois insoutenable, comme ses précédents romans, Mères et
Adriana, que les éditions des Syrtes ont publié en 2006 et 2008. Fille d'un
écrivain bulgare célèbre, Dimitar Dimov, elle assume cet héritage, tout en
s'en affranchissant. Elle a trouvé sa propre voie, tant d'un point de vue
stylistique, reconnaissable entre tous, qu’à ses conceptions philosophiques.
La douleur, dans ce livre, est un personnage central, elle jaillit des phrases
et parvient, de façon à la fois étrange et élégante, à alarmer et à
réconforter. Elle guérit. L’écriture de Dimova oscille entre des monologues
intérieurs et des scènes puissantes, elle tient en haleine, bouleverse et
chamboule jusqu'à la dernière page. Les Dévastés est un portrait collectif de
l'élite bulgare détruite par la terreur. Mais c’est aussi le portrait d’une
société dans laquelle la tragédie était le plus souvent un secret profondément
caché. Les "dévastés", ce sont tous ces hommes et toutes ces femmes emportés
dans la tourmente de l'histoire... Fille de l'écrivain bulgare Dimitar Dimov,
Théodora Dimova est née à Sofia en 1960. Elle a fait des études de littérature
anglaise avant de se tourner vers le théâtre. Elle est l’auteur de plusieurs
pièces qui lui ont valu des prix littéraires dans son pays. En 2001 parait son
premier roman, Eminé, qui connait un grand succés. En 2004 elle a obtenu le
prix Rassviet du meilleur roman bulgare, pour Mères (éditions des Syrtes, 2006
et 2019 en Poche), un roman sur les liens parentaux mais aussi sur une société
bulgare déboussolée. En 2008 est paru Adriana (éditions des Syrtes, 2008), le
portrait d'une femme blasée par l'argent, poussée par l'ennui et la solitude
jusqu'à la déchéance. En 2020, Les Dévastés a obtenu le prix du roman bulgare
de l'année.
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