Librairie l'Arbousier : 20 ans d'échanges et de rencontres, en librairie à Oraison et sur internet quand vous voulez où vous voulez.

Soyez informés, abonnez-vous à la newsletter au bas de cette page ou consultez notre page Facebook.

Plus d'informations ? Contactez-nous au 04.92.78.61.08 ou par mail : librairielarbousier@orange.fr

 

Les Derniers Jours d'Emmanuel Kant
EAN13
9782824900261
Éditeur
République des Lettres
Date de publication
Langue
français
Langue d'origine
anglais
Fiches UNIMARC
S'identifier

Les Derniers Jours d'Emmanuel Kant

République des Lettres

Indisponible

Autre version disponible

Thomas De Quincey n’aima personne autant que Coleridge, mais révéla les manies
de son poète préféré avec volupté. Il adora Wordsworth, et en trois pages
d’extase il montre le grand homme coupant un beau livre avec un couteau
souillé de beurre. Mais parmi les héros de Thomas De Quincey, sans contredit
le premier fut Kant. De Quincey considère que jamais l’intelligence humaine ne
s’éleva au point qu’elle atteignit en Emmanuel Kant. Et pourtant
l’intelligence humaine, même à ce point, n’est pas divine. Non seulement elle
est mortelle mais, chose affreuse, elle peut décroître, vieillir, se décrépir.
Et peut-être De Quincey éprouve-t-il encore plus d’affection pour cette
suprême lueur, au moment où elle vacille. Il suit ses palpitations. Il note
l’heure où Kant cessa de pouvoir créer des idées générales et ordonna
faussement les faits de la nature. Il marque la minute où sa mémoire
défaillit. Il inscrit la seconde où sa faculté de reconnaissance s’éteignit.
Et parallèlement il peint les tableaux successifs de sa déchéance physique,
jusqu’à l’agonie, jusqu’aux soubresauts du râle, jusqu’à la dernière étincelle
de conscience, jusqu’au hoquet final. Ce journal des derniers moments de Kant
est composé au moyen des détails que De Quincey tira des mémoires de
Wasianski, de Borowski, et de Jachmann, publiés à Königsberg en 1804, année où
Kant mourut; mais il employa aussi d’autres sources. Tout cela est fictivement
groupé dans un seul récit, attribué à Wasianski. En réalité l’oeuvre est
uniquement, ligne à ligne, l’oeuvre de De Quincey: par un artifice admirable,
et consacré par DeFoë dans son immortel "Journal de la Peste de Londres", De
Quincey s’est révélé, lui aussi, «faussaire de la nature», et a scellé son
invention du sceau contrefait de la réalité. — Marcel Schwob.
S'identifier pour envoyer des commentaires.