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Daniel C.

39,95
Conseillé par (Libraire)
1 mai 2020

Quand Vicka, à qui je demandais « un beau livre pour un cadeau », m’a tendu Du Côté de chez Swann en BD, j’ai dit, sans même regarder : non, pas ça. Et sans plus réfléchir, j’ai pensé : quoi ? La Recherche en BD, quel sacrilège !
Mais c’est Proust lui-même qui m’a convaincue. Il est là, en première page, emmitouflé dans sa mythique pelisse ; et là encore, en quatrième de couverture, dans son lit, aussi beau que son portrait par Jacques-Emile Blanche, si juste, si vivant. J’étais fichue...
Vicka m’a montré la liste des sommités de la galaxie proustienne qui parrainaient le volume, et j’ai dit d’accord. Pendant qu’elle empaquetait mon cadeau, feuilletant le volume, j’ai découvert le visage des personnages : Swann, le dandy, madame Verdurin et son double menton, exactement tels que je les avais imaginés. Et voilà Oriane, la duchesse de Guermantes, telle que Proust la décrit, les yeux assortis aux pervenches de son chapeau. C’est ainsi que j’ai acheté DEUX exemplaires et que j’ai eu le bonheur de (re)lire le premier volume de la Recherche en un après-midi.
J’y ai retrouvé « mon » Proust vénéré ; et bien plus encore. Le texte, forcément bref, mais concentré comme un nectar, avec mes passages chéris, qui m’ont éblouie, émue, amusée. Un texte admirablement servi par le dessin de Stéphane Heuet - on osera dire magnifié tant le dessin donne corps à la magie proustienne. Car nous avons tous une image intérieure de nos romans préférés et, tout particulièrement, de La Recherche du Temps Perdu. Mais contrairement au cinéma où le réalisateur impose sa vision, où telle scène, tel personnage, trop explicite, ou à notre goût trop imparfait, vient heurter notre imaginaire, le dessin, plus évasif et poétique, parvient à s’y couler pour restituer, villages, clochers, personnages, Combray et Paris, la phrase impressionniste de Proust et l’aura mélodieuse et floue du souvenir.
Le succès international de la BD de Heuet témoigne de cette réussite.: 500000 exemplaires vendus dans le monde, 19 traductions.
De ces 200 pages de pur bonheur, se détachent quelques morceaux qu’on ose à peine dire « de bravoure » tant ils sont délicats.
La madeleine, le cattleya d’Odette, évidemment. Mais plus que tout, c’est la sublime représentation de la Sonate de Vinteuil qui donne la mesure du talent de l’entreprise : Heuet a réussi à dessiner la musique, l’inconscient, l’humour et la mémoire, à représenter les visages, les toilettes, les postures qui fascinent depuis un siècle.
Un des livres les plus obscurs pour certains lecteurs apparaît ainsi dans toute sa simplicité cachée. Et dans son immense beauté. C’est pourquoi ce livre enchantera non seulement les Proustiens les plus fervents, mais aussi ceux, comme Stephane Heuet l’avoue de lui-même, qui jugent Proust trop « casse-pieds » pour s’y attaquer. Laissez vous charmer par les enfants qui jouent au jardin des Champs-Elysées. Par Combray et le bois de Boulogne, où le narrateur rêve de rencontrer Gilberte, madame Swann ou la duchesse de Guermantes. Souriez des commérages de Tante Léonie, des fautes de français de la fidèle Françoise et de l’apparition malicieuse de...Philippe Sollers en écrivain mondain qui « obserrrrrrve ».
Bref, lisez et faîtes lire ce Swann inattendu. Instants merveilleux garantis.

Béatrice Bantman

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Delcourt

24,95
Conseillé par (Libraire)
1 mai 2020

Paul Grappe et Louise Landy se sont aimés dans la Paris ouvrier de la Belle époque. Semblables à bien d’autres Parisiens, ils étaient issus de familles populaires, fraîchement immigrés de la capitale.
Ça commence comme ça, comme le livre de Danièle Voldman et Fabrice Virgili, la Garçonne et l’assassin. Une histoire sans histoire si la Grande guerre n’était pas passée par là. L’histoire de Paul et Louise exhumée des archives judiciaires c’est un parcours de vie, un fait divers à succès, un scénario idéal avec en guise de décor la France des années Folles. Pour certains ces années sont vivantes et flamboyantes, pour d’autres la décadence contamine l’ordre social, la famille, la France. Joséphine Baker et Rudolf Valentino prennent la pose, les garçonnes sautent en parachute, l’homosexualité et la bonne humeur sont à la mode, avec leurs cheveux et leurs jupes raccourcis des femmes sourient aux photographes, tout comme les hommes qui ont abandonné leurs barbes à la décennie précédente.
Le Paris des années folles c’est celui de Paul et Louise, l’arrière-plan d’une histoire d’amour qui finit mal.

C'est ainsi que commence la drôle d'aventure qui fait d'un livre d'historiens, un document radiophonique dans l'émission historique emblématique de France-Culture, La fabrique de l'histoire, et puis, l'histoire ne tombant pas dans l'oreille d'une sourde, une excellente, mais vraiment excellente, bande-dessinée : Mauvais genre. Après Du côté de chez Swann, la fin d'année est riche en romans graphiques de qualité. Mauvais genre s'engage sur les chemins troubles qu'arpente le récent Prix Goncourt, les traumatismes de la guerre et leurs conséquences plus ou moins déviantes. Au cynisme bouffon du livre de Lemaître, Chloé Cruchaudet préfère la chronique de mœurs. Une chronique d'une écriture extrêmement maîtrisée, sans jugement moral. Une grande BD ADULTE.

Conseillé par (Libraire)
1 mai 2020

Ne reculant devant rien je suis allé au Bristol, rue du Faubourg Saint-Honoré dans cet antre du sarkozysme afin de m'imprégner des nourritures terrestres de l'ennemi, point pour goûter les macaronis farcis à la truffe accordés au palais de l'ancien chanoine d'honneur de Saint-Jean de Latran, encore moins à l'invitation de Lui, président de la République, parce que depuis le 2 mai 2012 et le Moi, président de la République n°3, c'est fini, plus de collecte de fonds partisane dans un quelconque hôtel parisien, macaroni ou allemand ; mais dans l'intérêt, tout gonzo qu'il soit, de déguster les pâtisseries créées par le chef pâtissier Laurent Jeannin et dont ce livre rend compte des secrets, des tours de mains avec des photos tellement belles, que tous ces talents créatifs te fileraient la nausée. Donc, gavé par les tapas 3 étoiles d'Eric Frechon, je n'ai pas pu résisté à la myriade de petits gâteaux et sorbets qui suivit. Pique à sceau parmi les piques-assiettes, dérivant de plateau en plateau portés par des extras grassement rémunérés (comme dirait avec une fierté vulgaire une mère en parlant de son fils qui vient de recevoir une première paye, que dis-je un premier cachet), nourri de la main gauche swinguant sur l'argent d'une bouchée sucrée l'autre, abreuvé de la main droite remplaçant nonchalamment un verre vide de Champagne par un autre plein du même, j'ai divagué au devant du jardin français où, toutefois, je n'ai pas dégueulé (le côté petit-bourgeois qui me vient de ma mère, sans doute) : comme quoi quand c'est bon c'est bon ! Ou comme disait, au cinéma, un personnage créé par la bande d'anars de droite du lycée Pasteur de Neuilly avant de sombrer dans le nanar du même acabit : « C'est fin, c'est très fin, ça se mange sans faim ! »

Conseillé par (Libraire)
1 mai 2020


Quand au milieu des années 2000, Raphaël Imbert, son saxophone et sa petite famille ont débarqué à Oraison, commençait la longue recherche qui devait aboutir au livre qui sort aujourd'hui. Entre les sorties de disques (et quelle discographie en si peu d'années), vous avez eu le privilège d'avoir, à la librairie, de fréquents comptes rendus de cette
recherche : Albert Ayler, John Coltrane, le spirituel dans le jazz, la franc-maçonnerie dans le Jazz.
L'aboutissement de cette recherche est donc ce livre dont l'histoire de la parution est un vrai suspens hitchcockien.

9,90
Conseillé par (Libraire)
1 mai 2020

Edouard et Albert, les deux héros du dernier Goncourt Au revoir, là haut, font irrésistiblement penser aux Pieds Nickelés, la célèbre BD dont la parution en 1908, précéda de quelques années seulement les aventures dont il est question ici, durant la Grande Guerre. Ceux qui aiment les histoires bien ficelées vont se régaler dans ce qui est autant un vrai délire qu’une savante construction. Il est vrai que l’auteur n’en est pas à ses débuts et a montré bien avant ce livre, sa maîtrise des scénarios de romans policiers. Aussi, les rebondissements ne manquent-ils pas, depuis l’ensevelissement initial d’Albert dans ce gigantesque trou d’obus, à la cote 113, jusqu’à l’envol final d’Edouard, ailes en plumes collées sur le dos, aux portes de l’hôtel Lutétia, à Paris. Le rythme du récit reste assez soutenu pour tenir le lecteur en haleine durant ses 567 pages, avec cette minutieuse mise au point d’une arnaque qui excite l’un, le poilu à la gueule cassée, et terrorise l’autre, son sauveur devenu son ami et complice d’infortune.
Mais c’est aussi là que le bât blesse… La grande fresque d’une tragédie d’après-guerre (le sort que subirent les rescapés à leur retour, parfois pire que la guerre elle-même), est recouverte par cette BD foisonnante où le comique le dispute sans cesse à l’horreur. Ca n’a plus figure humaine, pas plus qu’Albert qui a perdu la mâchoire inférieure et finit par porter des masques dérisoires, à la réalisation desquels contribue la petite fille de la concierge, nullement impressionnée... L’incroyable de la situation finit par emporter la crédibilité des héros, sur lesquels d’ailleurs, l’auteur porte toujours un regard fort distancié. L’amer « ah Dieu, que la guerre est jolie ! », et ses accents sarcastiques, fait place à « quelle est jolie l’arnaque ! » : on peut penser qu’on y perd un peu…

François Longchamp