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Le coeur ne cède pas

Grégoire Bouillier

Flammarion

  • Conseillé par (Libraire)
    8 décembre 2022

    Ne pas céder.

    Grégoire Bouiller, c’est, au début du siècle, le fulgurant Rapport sur moi. Pour enquêter, plus tard, sur quelqu’un d’autre, comme dans Le cœur ne cède pas, c’est bien de commencer par soi jusqu’au surmoi.
    Alors voilà, un fait d’automne glauque trouble les nuits sans F. ni sommeil du jeune Grégoire perdu, laissé pour fou, dans le mitan des eighties : un ancien manequin s’est laissé mourir de faim en consignant dans un carnet son agonie d’une biblique quarantaine de jours avant de se décomposer pendant dix mois sans que ça fasse le buzz.
    Revenu de sa folie, l’histoire obsède Grégoire B. pendant 30 ans jusqu’à ce qu’au cours d’une soirée, où il erre tel un invité mystère, le cadavre exquis ressurgit comme une madeleine au milieu de la figure.
    Devenu Bmore et Penny, détectives, pour de sombres raisons juridiques, G. B. ne nous épargne aucun des affres jouissifs et désespérants de sa recherche. 900 pages dont il augmente la réalité par un site internet élevé à Marcelle Pichon, mannequin tué au champ de malheur.
    On rit, on sagace, on s’émerveille. Que d’aventures en plein XXIème siècle !


  • Conseillé par
    4 mai 2023

    identité

    Dès les premières pages, j’ai été ferrée : qui était Marcelle Pichon ? Pourquoi a-t-elle décidé de se laisser mourir de faim dans son petit appartement ?

    Cette très longue enquête, menée par Bmore & Investigation offre beaucoup, beaucoup de contextualisations, mais aussi de fausses pistes. Que je n’ai pas toutes lues en détail, il faut l’avouer.

    J’ai aimé que l’agence d’enquête mette à jour les erreurs des journalistes lorsque ce fait-divers est paru en une à l’époque.

    Mais j’ai aimé que le narrateur me replonge dans l’ambiance de la Guerre, de la Haute-Couture et ses accointances avec l’Occupant.

    J’ai aimé que, à l’instar de Patrick Modiano, des hasards placent Marcelle sur la route de l’auteur à plusieurs reprises. J’ai aimé les synchronicités de l’enquête.

    J’ai adoré les différentes hypothèses du prénom de mannequin choisi par Marcelle : Florence. Est-ce en référence au film Florence la folle ? au vase Lalique du même nom ? à un personnage d’une pièce de Sartre ? ou un personnage d’un roman ayant eu le Prix Goncourt dans ces années-là ? ou encore à cause de l’ouverture d’un cabaret du même nom le jour de la Rafle du Vel’ d’Hiv’ ?

    J’ai aimé les hypothèses de vie de Marcelle calquées sur différents films plus ou moins récents.

    J’ai aimé que dans le même temps, l’auteur cherche le « petit bougnoule » en lui, fasse une recherche de ses origines.

    J’ai aimé que ce soient des méthodes peu orthodoxes (horoscope, voyance…) qui mettent à jour la personnalité de Marcelle. Plus tard corroborés par ses petits-enfants.

    Un roman sur la complexité de la personnalité dont les presque 1 000 pages ne font qu’effleurer celle de Marcelle.

    Mais l’auteur a su transformer l’impossible désir de savoir qui était Marcelle Pichon en possible désir d’écrire sur elle.

    L’image que je retiendrai :

    Celle du tableau des recherches de Bmore & Investigation, disponible ici : www.lecoeurnecedepas.com


  • Conseillé par (Libraire)
    29 novembre 2022

    "HENAURME"

    Ne faisons pas le malin ou l’innocent: on ne s’approche pas chez notre libraire préféré d’un livre de plus de 900 pages comme d’un livre de poche. D’abord, il y a le poids. Puis le prix. Et puis se dire qu’en le prenant on s’embarque pour des heures et des heures avec un compagnonnage dont on n’est pas certain qu’il ne nous ennuiera pas au début de la page 427. Alors il faut un petit coup de folie, l’envie d’essayer, de tenter, d’oser une première fois. Ou de se rendre d’abord par une invitation de Grégoire Bouillier sur un site Internet. Cliquer sur le site lecoeurnecedepas.com tout simplement et, en une photo, comprendre la logique et le caractère simple, voire simpliste d’une recherche d’un écrivain transformé en enquêteur-détective. Sur la page d’accueil du site, vous suivez le fil rouge avant de passer au fil vert en revenant par le fil jaune. Surtout vous cliquez sur les pastilles rouges. Et voilà. Vous savez où vous mettez le nez ou plutôt les yeux. C’est limpide (tiens, Bouillier pourrait faire quelques pages sur le fait d’aller sur un site internet avant de commencer un ouvrage, cela en dit long sur notre époque. Il faudra lui suggérer). Le tableau d’enquête dans son extrême limpidité dit tout car ,vous l’avez compris, il s’agit bien d’investiguer sur un suicide qui eut lieu en 1985. Cette année là Grégoire Bouillier entend à la radio un fait divers: une femme, qui semble s’appeler Marcelle Pichon, s’est laissée mourir de faim chez elle pendant quarante-cinq jours. Son corps ne sera découvert que 10 mois plus tard. Elle a tenu pendant ce temps le journal de son agonie. En 2018, le hasard lui rappelle cet évènement. Il décide alors d’en savoir plus sur cette femme, qui fut semble t’il mannequin dans les années cinquante et dont la mort fut considérée par les média comme un drame de la solitude. Il confie l’enquête à une agence de détective, la fameuse Bmore & Investigations, à son patron et à sa collaboratrice Penny, une gaie luronne qui se fait appeler « celle-ci ».

    Enquêter des années plus tard sur un fait divers réel. On pense à Jaenada capable de débusquer l’histoire de Pauline Dubuisson. On pense à Yvon Jablonka faisant revivre Laetitia, furieusement assassinée, mais tous deux avaient à leurs disposition des documents, des milliers de pages d’instruction, voire même des témoins encore vivants. Grégoire Bouillier n’a rien de tout cela. Alors il va falloir combler les vides par des recherches minutieuses. Et par son imagination, ses colères, ses emballements. L’investigation minutieuse, scientifique et impressionnante côtoie désormais les suppositions les plus sérieuses ou les plus farfelues. C’est un flot qui vous emporte, un flot souvent plein d’humour, de sagesse, de troisième, voire quatrième si ce n’est cinquième degré, un flot d’écriture comme vous n’en avez jamais vu, ni lu.

    Bien entendu vous pouvez sauter un chapitre et garder le fil, c’est un des dix commandements de lecture de Daniel Pennac, mais vous risquez de le regretter car vous passerez à côté de moments de bonheur pur, celui de l’écriture, de l’érudition ou de la franche rigolade comme ces pages consacrées à la recherche de magnétiseurs susceptibles de retrouver le carnet de Marcelle ou encore les pages de réflexion sur l’épidémie de Covid, la médiocrité des journalistes (de l’époque bien entendu!). Sur la vie. La mort. On n’en finirait plus d’énumérer les thèmes évoqués dans le livre.

    Et puis qui dit enquête, dit intrigue, dit indice et vous embarquerez aussi dans un polar de première zone qui vous invitera à regarder autrement le nom gravé d’un marbrier sur une tombe (premier indice qui vous est offert gratuitement).

    On sort de ce « grand voyage dans le temps et l’espace » éreinté mais aussi subjugué, émerveillé. On relit alors cette phrase en terme de conclusion: « Élucider voulant dire non pas faire toute la lumière sur le drame mais clarifier les termes mêmes de sa noirceur. » Une noirceur lumineuse d’intelligence et d’humanité. Valant largement son poids.


  • Conseillé par (Libraire)
    17 novembre 2022

    D'abord, oublier ce qui saute aux yeux, l'épaisseur du livre, elle se révélera un atout. Ensuite, se laisser porter par l'enquête sur un fait divers des années 80, par les croisements qui s'opèrent entre cette dernière et la biographie de l'écrivain, par les pans d'Histoire (avec une grande hache disait Georges Perec dont le spectre plane sur tout ce roman) revisités. Puis, sourire parfois, admirer souvent. Enfin, savourer de la littérature d'exception, celle du je-ne-sais-quoi et du presque-rien.