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Par des langues et des paysages (1965-2022)
EAN13
9789969525106
Éditeur
APIC EDITIONS
Date de publication
Collection
POEMES DU
Nombre de pages
144
Dimensions
19 x 14 x 1,2 cm
Poids
190 g
Fiches UNIMARC
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Par des langues et des paysages (1965-2022)

De

Apic Editions

Poemes Du

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SEPT QUESTIONS A JAMES SACRE 1/ Une autobiographie en quelques mots.La petite exploitation agricole où je suis né, une vingtaine d’hectares, dont dix loués par mes parents, n’existe plus, ni les façons de vivre plus ou moins en communauté dans le village vendéen de Cougou (une quinzaine de fermes sans rien d’autre, ni église ni commerçants). Mais j’ai promené ce village aussi bien aux Etats-Unis (j’y vis entre 1965 et 2000) qu’en Italie, en Espagne, en Suisse ou au Maroc. Un campus américain ressemble assez à n’importe quel cloche-merle villageois, et les paysans du Moyen Atlas savent toujours lier des gerbes à la main avec une poignée d’orge comme je le faisais en Vendée.Ecrire est venu à cause des récitations apprises par cœur à l’école primaire, à cause de l’aide de quelques professeurs au lycée, à cause de quelqu’un qui m’emmène vivre en son pays américain où je continue des études de lettres, à cause des amis rencontrés, de quelques revues françaises qui accueillent mes poèmes, puis des éditeurs qui les publient en me conseillant et m’encourageant : Jean Cayrol, Jean Grosjean et Dominique Aury ou André Dalmas par exemple. Il y a eu également les séminaires avec Greimas durant des années sabbatiques ou quand je dirigeais un programme de « Junior Year Abroad » (à Paris ou à Genève) pour l’université où j’enseignais aux Etat-Unis. Il y a eu les lectures qui emportent et interrogent : Saint-John Perse, Segalen, Omar Kayyâm et Saadi, Pierre-Jean Jouve et Yves Bonnefoy, Rabelais, Chrétien de Troyes et Marie de France, les roses de Marceline Desbordes Valmore, Góngora puis Francis Ponge, Schéhadé… Et peu à peu l’agréable et vivifiante ronde des éditeurs de poésie, Françoise Favretto et Robert Varlez, Jean-Claude Valin, Louis Dubost, François Boddaert et André Dimanche, Djamel Meskache et Claudine Martin, beaucoup d’autres. Tout un « travail » en commun retrouvé pour lier en gerbes de poèmes des livres que vous aussi faites vivre, lecteurs. Merci à tous et à la vie qui accompagne avec ses misères et ses bonheurs. 2/ Comment répondre à une injonction brusque : « Définissez la poésie. »Une définition ? par exemple celle-ci qui dit tout me semble-t-il, sans rien dire de précis, parce qu’en fait je ne sais pas ce qu’est la poésie, et je ne sais pas plus ce que veut un poème, ce qu’il désire vraiment, ni ce qui fait que je le nomme « poème » quand le voilà écrit :La poésie ? une affaire de langue entre le monde et les dictionnaires, une affaire de formes, entre le vécu et la langue ; si c’est geste de vivant ou rien, peut-être qu’un lecteur me dira. (2001, avec Claude Vercey). 3/ Prose et poésie, la distinction a-t-elle un sens ?Sans doute qu’il y a des différences entre vers et proses (la prose des romans mettant par exemple davantage l’accent sur des personnages, des voix qui évoluent dans du narratif), mais tout comme un roman peut s’écrire en vers, les poèmes utilisent à l’occasion la prose. Ils peuvent même se construire éventuellement en figures de personnages, en livre portés par de la narrativité. À vrai dire je ne fais aucune différence entre écrire en vers ou en prose : c’est la même attention, les mêmes tensions, entretenues, interrogées, entre écriture, langage et expériences du vivre (compte tenu, plus ou moins, des règles et usages qui ont caractérisé dans le passé de nombreuses et très variées formes d’écriture). 4/ De la forme (et du formel) en temps de crise.Comment écrire autrement qu’en créant des formes d’écriture ? Et s’il y a crise, de vers, de vie sociale ou solitaire, de langage, de n’importe quoi qui s’effondre plus ou moins, comment en parler ou en écrire, en vivre (encore un peu avant de mourir) par les mots autrement qu’en utilisant des formes qui feront ou ne feront pas sens, mais qui seront peut-être la possibilité (illusoire ou pas) d’une sortie de crise ? ou celle de vivre quand même dans le chaos de ces crises ? 5/ Quel avenir pour la poésie ?On se demande ! Mais comme les poèmes semblent avoir accompagné toutes les cultures depuis toujours, on imagine mal qu’ils pourraient disparaître, n’en déplaise à tant d’acteurs sociaux (et particulièrement en France) qui les ignorent, croient devoir les mépriser ne sachant comment par exemple en tirer profit trébuchant et sonore ou renommée assez grande pour eux. Un livre de poèmes publié espère bien sûr rencontrer des lecteurs, mais s’il n’en rencontre pas, il sait que d’autres poèmes seront écrits pour que cette rencontre continue d’avoir lieu. Et puis les poèmes peuvent mourir parce que justement leur histoire depuis toujours est vivante et ne se soucie au fond (même si ce n’est pas toujours le cas) ni de rentabilité ni de pouvoir. 6/ La part de la prosodie dans l’élaboration du poème.Prosodie, notion assez vague finalement quand on visite les dictionnaires (le littré, le Robert, le CNRLT). Une affaire de rythme et de sonorité, de ton, de prononciation, de durée et forme mélodiques… tout cela qui fait en somme la matière concrète du poème (mais aussi d’ailleurs celle de tout texte écrit qu’on peut lire). Le poème est aussi la prosodie que le lecteur installe dans la saisie qu’il en fait. Prosodies (celle inscrite, mais si peu clairement, dans le poème, et celle que lui « inflige » le lecteur) prosodies bien évidemment qui influent beaucoup sur le sens possible du texte. Oui, elle est sans doute l’élément le plus essentiel du poème : on en ressent continuellement la présence quand on écrit, mais elle nous échappe autant qu’on s’imagine la maîtriser. Et ne pas oublier que la prosodie n’est assurance de rien : il y a de la prosodie dans les plus « mauvais » poèmes. 7/ La place de la traduction dans l’écriture poétique.Traduire, même si on est très mauvais traducteur, c’est découvrir sans doute que notre langue (celle que nous pratiquons en écrivant) est autant une réserve de richesses qu’un abîme de manques et d’incapacités. La simple écoute, ou l’usage d’une langue étrangère, nous emmène dans des rythmes, des prosodies, des grammaires nouvelles, teinte les nôtres de colorations et de timbres que nous n’aurions pas imaginés sans ce frottement à d’autres langues. La lecture des œuvres écrites en ces langues ou simplement données en traduction nourrit bien sûr nos façons d’écrire en « français » : lire Góngora en espagnol ou en français par exemple bouscule bien sûr nos habitudes grammaticales, ou se souvenir d’un patois qu’on a pratiqué naguère et qui peu à peu revient en mémoire, peut infiltrer notre français de rythmes particuliers, sans même que soit réutilisé son vocabulaire (ce qui cependant peut se faire aussi). Et lire comme on pense savoir-faire c’est toujours traduire un texte dans son propre idiolecte. Ecrire aussi peut-être, mais l’éventuel lecteur pourrait-il lire des traces de cet idiolecte en s’appliquant à le déchiffrer (le traduire) au moyen du sien propre ? Avec l’écriture ou la lecture nous traduisons peut-être toujours, mais quoi donc ? Et pour saisir quoi sinon le creusement d’une interrogation qui nous maintient dans l’écriture ? Un poème montre peut-être (si même en les cachant) ces infinies déchirures qu’on entend dans le moindre agencement de ses mots qui n’en finissent pas de traduire (de déchirer en effet) on ne sait trop quoi.
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